La gestion des déjections humaines, un défi urbain. Soutenance de thèse d'Emmanuel ADLER, 15/1/2020
Inspirée par l’exercice d’une longue activité professionnelle dans le domaine de l’assainissement, et plus particulièrement dans l’épuration des eaux usées domestiques, cette thèse a pour objet d’apporter un éclairage sur les conditions de gestion des déjections humaines dans une double réflexion technique et historique. La problématique étudiée porte sur les conditions d’évolution des systèmes développés par les êtres humains pour soustraire à leur environnement leurs matières excrémentielles. Il s’agit d’étudier un aspect particulier de l’assainissement des villes, et plus précisément les moyens adoptés pour procéder à l’éloignement des déjections humaines. Le sujet est appréhendé depuis les premiers équipements destinés à recueillir les matières solides et liquides, en passant par les conduites et les fosses de stockage, jusqu’aux opérations logistiques d’extraction, de déplacement et de transformation, pour conclure sur la victoire du tout-à-l’égout. Soulevant le voile sur la part de secret qui caractérise tout ce qui touche aux déjections humaines, ce travail tente d’apporter un éclairage nouveau sur ce secteur d’importance, en particulier dans un contexte d’économie circulaire et de transition énergétique. Sur l’échelle de temps d’une part, si la période retenue pour orienter les investigations conduites est relativement longue, couvrant la fin du XVIIIe jusqu’au début du XXe s., c’est parce qu’elle permet d’appréhender l’essor d’une activité aux multiples connexions (techniques, scientifiques, politique publique, justice…). Cet intervalle caractérise une radicale transformation des activités de gestion des matières fécales produites par les habitants des grandes villes. Dans une progression rythmée par des tensions et des crises, le système d’évacuation des déjections humaines de la cité se structure en réseau, contrôlé par un nombre croissant d’acteurs, mais également de procédés techniques, de règlementations, et bien sûr pour en assurer le fonctionnement, de mécanismes financiers. Second point déterminant d’autre part, après l’ancrage chronologique et dans le contexte très centralisateur de la France, la recherche porte géographiquement un intérêt marqué pour la ville de Lyon, qui bénéfice d’un contexte particulier par rapport à Paris, avec la présence du Rhône, et qui est restée jusqu’ici relativement peu considérée sous l’angle des déjections humaines. Pour rendre digeste un sujet caractérisé par la profusion de données et la diversité de systèmes, hier et aujourd’hui, un découpage parmi d’autres a été adopté. Après l’analyse des enjeux techniques, puis des aspects liés à la santé, la thèse aborde les aspects juridiques et financiers de la gestion des matières. A la suite, motivée par une formation d’ingénieur agronome, le travail se poursuit avec la question du devenir des déjections, et plus précisément leurs conditions de retour au sol. La conclusion cherche à mettre en évidence que les conditions d’éloignement des déjections humaines en milieu urbain se complexifient au fil du temps sous l’influence de divers facteurs, avec un processus de mise en œuvre d’opérations supplémentaires de séparation de phases et de créations de nouvelles combinaisons. Mots clefs : excréments, assainissement, recyclage, engrais, vidangeurs, eaux usées, histoire, sciences, fosse d’aisances, circularité, hygiène, boues d’épuration, égout
15/01/2020